Quand le monde vacille, Lyon doit tenir.

Il est des moments où l’on sent que quelque chose se dérobe sous nos pieds. Ce ne sont plus de simples désaccords politiques ou des turbulences passagères, mais un basculement plus profond, une inquiétude diffuse dans les conversations, les familles, les quartiers.
En quelques jours, quatre secousses majeures ont redessiné notre horizon. Elles ne disent pas seulement ce qui ne va pas : elles annoncent les défis auxquels nos villes et nos métropoles devront faire face. Lyon et sa Métropole sont pleinement concernées.

La première secousse, brutale, est le rejet quasi unanime du budget 2026 par l’Assemblée nationale. Un événement exceptionnel, qui ouvre une période d’incertitude institutionnelle que notre pays n’avait pas connue depuis longtemps. Peu importent les responsabilités : ce que voient les citoyens, c’est un État qui doute.
Les solutions se raréfient alors que le texte arrive au Sénat sans issue possible. Loi spéciale, ordonnances, 49.3, motion de censure ou dissolution : aucune hypothèse ne peut être écartée.
Un budget structuré est indispensable au pays comme aux collectivités. À défaut, les discussions sur les investissements et les services publics se paralysent. Ce n’est plus seulement l’État qui se grippe : ce sont toutes les collectivités, et donc Lyon et sa Métropole.

La deuxième secousse, plus intime et plus douloureuse, ce sont les marches blanches en hommage à Mehdi Kessaci, innocent assassiné pour tenter de « bâillonner » son frère Amin, engagé contre le narcotrafic.
À Marseille et dans de nombreuses villes, des milliers de personnes se sont mobilisées pour dénoncer cette violence extrême. À Lyon aussi, plusieurs centaines d’entre nous se sont rassemblés devant l’Hôtel de Ville.
Ce drame révèle le danger démocratique que constitue une économie criminelle capable d’infiltrer nos institutions. Associé à une violence sans limite, ce narcotrafic porte en germe une déstabilisation profonde. La sécurité quotidienne doit redevenir une priorité essentielle.

La troisième secousse vient de plus loin. Le «plan de paix» annoncé par Donald Trump, enjoignant l’Ukraine à céder une partie de sa souveraineté sans consultation ni de l’ONU ni de l’Europe, confirme un mépris inquiétant pour notre continent.
Lorsque l’Europe s’efface, c’est la France qui s’efface, et nos villes perdent en attractivité, en rayonnement et en capacité d’agir.
Certes, de nouvelles discussions ont été engagées ce week-end pour atténuer les clauses les plus inacceptables, mais ce dérèglement du monde et la faiblesse européenne doivent nous inquiéter ici aussi.

La quatrième secousse concerne enfin le climat, avec une COP30 dont on attendait des décisions fortes sur les énergies fossiles et le soutien aux pays vulnérables.
Le texte final est sans relief, adopté sans consensus et marqué par l’absence des États-Unis. Les avancées existent, mais elles sont trop lentes. La transition énergétique est reconnue comme nécessaire, mais les politiques restent celles des petits pas.
À Lyon, nous avons engagé depuis plusieurs mandats des politiques de réduction des gaz à effet de serre : il faudra les amplifier en associant largement les habitants, et en garantissant la justice sociale de ces transformations.

Ces quatre secousses — institutionnelle, sociale, géopolitique et climatique — redéfinissent profondément le sens des municipales de 2026.
Il ne s’agit pas tant de savoir qui sera aux responsabilités, mais comment rassembler pour mettre en œuvre un programme capable d’apporter des réponses concrètes à ces défis.

Dans un monde plus dur, dans un pays fracturé, la ville doit redevenir plus humaine, recréer le lien indispensable à toute vie collective et rester la main qui ne tremble pas.
Lyon ne doit pas choisir un camp, mais un cap.

Georges Képénékian
Candidat aux élections municipales de Lyon 2026

Lyon, le 25 novembre 2025